Mon discours à l'occasion de ma nomination dans l'Ordre National du Mérite

27/05/2024

Le 29 novembre 2023, mon nom figurait sur le Journal Officiel. J'étais nommée dans l'Ordre National du Mérite par le Président de la République sur proposition du Ministre des Transports. Passée la stupéfaction ressentie au moment où j'ai reçu un message d'une amie rencontrée chez Femmes en Mouvement, j'ai ressenti une fierté immense ! 

Je vous recopie ici mon discours : 

Mesdames et Messieurs,

Madame la Ministre, Chère Anne-Marie,

Monsieur le Ministre,

Madame la Députée, Chère Karima,

Chère Famille, chères amies,

Tout d'abord Anne-Marie mille mercis d'avoir accepté de me faire cet honneur car je sais que vous êtes très sollicitée et encore mille mercis pour cet émouvant discours. (…)

Quand j'ai reçu la nouvelle de ma nomination, un sombre matin gris de novembre via un sms d'Anne-Florie Coron, j'ai tout d'abord été stupéfaite, puis émue, puis impressionnée, puis ravie. J'ai surtout été touchée par tous les messages que j'ai reçus, notamment grâce à mes complices de Femmes en Mouvement. Alors que je voulais partager cette nouvelle mais que je ne savais comment le faire sans paraitre prétentieuse, elles se sont spontanément fait mon porte-voix pour annoncer cette distinction sur les réseaux sociaux et notamment celui où cette médaille a pris naissance : Linkedin ! Il y a eu énormément de pouces levés, d'applaudissements -380 - et de plus d'une centaine de messages tous plus chaleureux les uns que les autres.

Quand il s'est agi de choisir ma remettante, grosse cerise sur le gâteau de la décoration, je n'ai pas hésité un seul instant et c'est spontanément vers la marraine naturelle de Femmes en Mouvement que je me suis tournée : vous chère Anne-Marie, la seule personne au monde à avoir été successivement ministre des Transports, Présidente de la RATP et Présidente de la SNCF ! Vous êtes la Femme la plus en Mouvement qu'il puisse être. Vous avez répondu à ma demande dans l'heure et j'en ai déduit que je devais vraiment avoir fait du bon travail. Encore merci !

Depuis fin novembre, j'ai beaucoup réfléchi à ce discours, surtout sur mon vélo, pendant mes trajets le long de la Marne et de la Seine. Je ne surprendrai personne en disant que j'aime bien prendre la parole et c'est justement parce que je l'ai prise sur Linkedin il y a un peu plus de 9 ans que nous sommes réunis aujourd'hui pour me voir devenir officiellement chevaleresse de l'Ordre National du Mérite !

L'Ordre National du Mérite est le 4ème ordre de la république française après la Légion d'Honneur, l'Ordre de la Libération et la Médaille Militaire. C'est surtout un ordre qui a été créé par le Général de Gaulle, qui, contrairement à Napoléon Bonaparte, a fait progresser les droits des femmes en leur accordant le droit de vote. C'est ainsi que le Suffrage soi-disant universel est devenu véritablement universel. J'espère que toutes et tous ici présents nous ferons usage et bon usage de ce droit de vote le dimanche 9 juin prochain.

C'est important pour moi de rappeler que l'Europe est une chance formidable pour nous françaises et français car je crois que mon engagement féministe est né en Suède à la fin des années 90 quand j'ai eu l'opportunité d'y passer deux années et demi formidables avec mon fiancé d'alors, devenu depuis mon mari.

En Suède, j'avais découvert avec stupéfaction et ravissement que les femmes pouvaient se promener tard le soir à Stockholm sans crainte pour leur sécurité, y compris quand c'est l'hiver et que la nuit noire commence à 16 heures ! Mon interprétation est que c'est sans doute parce que la culture de l'égalité, la jämlikhet, y est vécue concrètement depuis bien plus longtemps qu'en France et ce parce que les Suédoises se sont rebellées plus vite. Elles ont eu le droit de vote en 1921 😊 !

Ma deuxième révélation, je la dois à Jean Ghedira, ici présent, merci Jean, qui a eu l'idée d'organiser une rencontre des femmes cadres de Keolis en 2008. Nous avons été invitées à passer une journée sur une péniche à débattre entre nous et à écouter des interventions très intéressantes. J'ai gardé un souvenir très vif de cette journée et notamment du calvaire que vivaient alors les femmes informaticiennes. J'espère que la situation s'est tout de même un peu améliorée car le tableau d'alors était très sombre.

C'est sans doute de ces 2 ferments de prise de conscience qu'est venu un ras-le-bol un jour de mai 2015 à l'issue d'une énième conférence sur la mobilité au panel 100% masculin, un manel. Sur Linkedin, j'ai pris à témoin mon petit réseau de l'époque et j'ai écrit – alors que je n'y connaissais strictement rien en évènementiel - que si c'était comme ça, j'allais moi aussi organiser une conférence sur la mobilité, mais la différence tiendrait dans la composition du panel : 100% d'intervenantes féminines ! A ma grande surprise, 5 femmes, que je ne connaissais pas toutes à l'époque, par exemple toi Nathalie, ont commenté mon poste en me disant « si tu y vas, on y va aussi! » Et c'est comme ça que Femmes en Mouvement a recommencé.

J'ai bien dit « recommencer » car il y avait eu une première génération de Femmes en Mouvement dans les années 90-2000 mais qui malheureusement n'avait pas survécu à l'époque. J'en profite pour saluer toutes celles et ceux qui se sont engagés dans le bénévolat et l'animation d'associations quand les outils numériques n'existaient pas. Ma mère a notamment été secrétaire d'une association d'éleveurs de chevaux et je me rappelle que nous l'aidions parfois à faire des mises sous pli de convocations et autres courriers, une fois rentrées du pensionnat.

Revenons à ma proposition de conférence sur la mobilité : Tant qu'à faire d'acquérir de nouvelles compétences en mode « test and learn », autant ne pas faire les choses à moitié. Nous avons donc monté une conférence d'une journée entière et nous l'avons baptisé « Partager L'audace » !

Le montage de cette conférence a été l'opportunité de mettre en valeur plus de 25 femmes expertes des transports de la mobilité pendant 1 journée. Mais ce que j'en retiens principalement c'est que son organisation a surtout permis à notre « comité scientifique » improvisé, de découvrir un état de fait que nous-mêmes expertes aguerries du secteur, avions totalement intériorisé : l'espace public, dans une acceptation large, est très souvent un endroit hostile pour les femmes. Ici, comme partout dans le monde, vous Mesdames de tout âge, vous faites un petit check inconscient quand vous sortez dans la rue ou que vous montez dans un véhicule transport commun pour vérifier que vous êtes en sécurité, ce que vous, Messieurs, ne faites pas car vous n'avez pas à le faire …. Cette hostilité, nous en faisions et en faisons toutes les frais. C'est juste insupportable, ce n'est plus tolérable et désormais ce n'est plus toléré, notamment grâce à de nombreux mouvements et associations militantes !

9 ans plus tard, et notamment grâce à votre confiance, Chère Anne-Marie et chère Karima, vous qui nous avez honorées de votre présence, nous avons reçu chez Femmes en Mouvement, tout le gratin féminin de la mobilité. Je ne vais pas commencer à les citer car cela prendrait beaucoup trop de temps. Je note avec plaisir qu'un certain nombre d'entre elles ont connu de belles promotions depuis leur participation à un de nos évènements, à Paris, à Lyon ou ailleurs même si je n'y vois pas de relations directes de cause à effet !

Toutes nous ont partagé leurs témoignages, les difficultés qu'elles ont rencontrées, les mentors parfois qui les ont aidées, accompagnées ou donné le coup de pouce décisif. Elles nous ont aussi partagé leur succès et nous ont inspiré. Elles nous ont également faire part des challenges que leurs organisations doivent relever, notamment ceux de la décarbonation des transports et de la lutte contre le changement climatique.

Je l'ai souvent dit et je le répète en ce grand jour : Cette médaille n'est pas que la mienne. Cette distinction et cet honneur, je les partage avec toutes les femmes en mouvement qui ont fait et font encore un bout de chemin avec moi : Aline Delatte, Christine Chary, Nathalie Ancelin, Carolina Martinez-Tabares, Lucile Ramackers, Albane Godard, Marion Apaire, Anne Buffetaud, Noémie Bercoff, Patricia Bastard, Zakia Sidhoum, Carole Peytavin, Fabienne Keller …. Et aussi nos hommes femmes en mouvement : Abel Gugenheim, Mohamed Mezghani et Olivier Razemon pour citer les principaux et les plus fidèles.

En septembre 2015, nous sommes parties à 6, avec 3 francs 6 sous en poche, un logo un peu ordinaire et un site internet bouclé en 2 heures l'avant-veille de la toute première conférence.

En 2024, nous voici à la tête d'un budget plutôt honorable, nous employons 2 super free-lances, Gaëlle Picut et Juliette Jolinon. Nous avons eu la chance d'avoir 7 stagiaires toutes formidables dont Hortense Rapeaud qui nous a fait sauter dans le 21ème siècle et Romane Boucaud qui est derrière l'organisation de cette superbe soirée Merci Romane. On retrouve nos évènements sur un très beau site avec une jolie charte graphique, 150 personnes adhérentes et 44 organisations, elles aussi adhérentes. Celles-ci regroupent les différentes composantes de ce vaste secteur économique : SNCF Mixité, autorités organisatrices de mobilité et opérateurs de transport, organisations professionnelles nationales et internationales, start-ups, et cabinet de conseils, bureaux d'études et ingénieries, associations d'usagers et d'usagères.

Last but not least : Je termine cette longue énumération par le ministère des Transports lui-même. Grâce à l'engagement sincère et engagé du Ministre Clément Beaune, des directeurs et directrices adjointes de la DGITM qui ont adhéré il y a 18 mois, Femmes en Mouvement a acquis une légitimité encore plus grande.

J'en profite pour glisser des remerciements éternels au cabinet du Ministre qui a œuvré pour cette cérémonie puisse avoir lieu dans ce si beau Salon des Aigles, qui donne sur un des plus beaux jardins de Paris.

Je voudrais revenir sur les 3 actions principales menées avec succès par Femmes en Mouvement

1ère action importante : les opérations Vélodacieuses menées de main de maitre par les vélotaffeuses (c'est-à-dire les femmes qui vont au travail en utilisant le vélo comme un mode de transport à part entière) du Conseil d'Administration. Ce mot valise « vélodacieuse » a été inventée par Marion Apaire, ici présente. Encore merci Marion. Une vélodacieuse c'est une balade exploratoire hivernale et après la nuit tombée au cours de laquelle nous partageons notre vécu de femmes à vélo. Nous pouvons alors pointer du doigt la difficulté à se déplacer à vélo dans l'obscurité et par mauvais temps tout en étant une femme. C'est d'ailleurs grâce aux cours de boxe pris sur la recommandation de ma nièce Victoire Eftimie-Spitz, que je continue à affronter le froid et l'obscurité pendant les mois d'hiver sur les bords de Marne depuis 6 ans avec ma fidèle bicyclette musculaire.

2ème action importante : Le prix de la mixité créé avec le magazine Ville Rail et Transports. Marie-Hélène Poingt m'avait confié la tâche de présidente du jury cette année là. Lancée comme une boutade à la tribune, cette idée a pris forme en 2021 et cette année, le prix a été remis en décembre dernier à un chauffeur de bus sourd. Les voix de l'inclusion sont parfois impénétrables. Il faut d'ailleurs noter que c'est le seul prix qui récompense les actions menées en direction du personnel professionnel et dévoué qui nous transporte au quotidien.

Je terminerai par la 3ème action qui est notre plus gros succès et l'incarnation concrète la plus complète de ce que nous sommes, un mouvement ouvert et inclusif : Le fameux jeu des 7 familles de la mobilité au féminin avec 7x6 soit 42 femmes qui incarnent toutes, à leur niveau, depuis les métiers de terrain jusqu'au plus haut niveau de gouvernance, la place des femmes dans le secteur des transports. La talentueuse Bénédicte Tilloy ici présente nous a fait l'immense cadeau de dessiner 42 portraits à l'aquarelle, chacune des participantes a écrit son texte, nous l'avons fait réaliser dans une imprimerie en Alsace et nous l'avons vendu à 2500 exemplaires en financement participatif ! On vous y retrouve évidemment, chère Anne-Marie Idrac 😊

Je voudrais aussi citer Mohamed Mezghani qui est le secrétaire général de l'Union Internationale des Transports Publics et faire un peu de publicité par la même occasion. L'UITP a reçu il y a quelques jours le trophée Diversity-Equity-Inclusion de l'ESAE (European Society of Association Executives, autrement dit l'association européenne des associations) pour sa politique en faveur des femmes. Comme le dit Mohamed « C'est très gratifiant d'être reconnu par ses pairs dirigeantes et dirigeants d'autres associations. C'est aussi le résultat de tout ce qu'on a appris grâce à Femvt et au partage d'expériences » !

Je ne voudrais pas être trop longue mais je vais profiter d'avoir encore un peu le micro pour vous dire quelques mots sur ce qui m'anime et m'inspire au quotidien.

Dans mon panthéon personnel de femmes admirables, j'ai très tôt mis Simone Veil et j'y ai rajouté plus récemment Gisèle Halimi. Toutes trois nous avons deux points communs : Nous avons une passion pour la défense de nos Sœurs avec un grand S mais aussi, petite histoire dans la grande, eu trois enfants chacune et surtout trois fils. En Suède, une de mes amies a entendu dire un jour qu'il y a une place spéciale dans le Ciel pour les mères de 3 fils. Viendra donc peut-être un jour, dans très longtemps j'espère, où je pourrais discuter avec Simone et Gisèle…

Récemment, la journaliste Giulia Fois a écrit un livre dont je vais reprendre le titre à mon compte : « ce que le féminisme m'a fait » ! Cela vous étonnera peut-être mais je n'ai pas toujours été féministe. Comme une de mes collègues également décorée par les plus hautes instances, j'ai longtemps apprécié d'être souvent la seule femme dans les réunions, dans les déplacements, à tester des machines innovantes dans des usines… et puis progressivement ça m'a fatiguée de devoir toujours en faire plus pour être simplement respectée et écoutée ! Quand, à l'issue de la première conférence de Femmes en Mouvement, nous les pionnières de la 2ème vague, quand nous avons réalisé l'ampleur du vivier méconnu de ressources chez les professionnelles et expertes du secteur, nous nous sommes lancées, nous avons tâtonné et nous avons fait avancer la cause de toutes les femmes.

Récemment, nous avons fait avancer une grande cause : la reconnaissance d'intérêt général pour toutes les associations œuvrant à l'égalité Femmes-Hommes ! Je vous raconte l'anecdote car elle est représentative des transformations en cours. Nous avons déposé un premier dossier auprès de l'administration adhoc, la fleur au fusil, persuadées que cela allait passer comme une lettre à la poste. Que nenni m'expliqua un fonctionnaire de la préfecture du Val de Marne. Nous n'étions ni pauvres, ni battues. Nous n'avions donc pas de problème justifiant une reconnaissance d'intérêt général, indispensable pour candidater à nombre de projets portés par des fondations diverses et variées. Autant dire que mal lui en a pris car nous n'avons pas pris ce refus pour une réponse et nous sommes montées au créneau auprès des plus hautes instances pour signaler ce souci d'interprétation. Lors de l'automne 2023, suite à notre alerte, la Députée Marie-Pierre Rixain a fait voter un nouveau texte de loi faisant rentrer automatiquement TOUTES les associations 1901 œuvrant pour l'égalité Femmes-Hommes dans le périmètre de l'intérêt général. Nous n'étions pas peu fières ce jour là ! Je remercie spécialement Aline Delatte et Marie Defrance qui ont déployé toutes leurs compétences pour que notre propre dossier de reconnaissance d'intérêt général connaisse une fin heureuse en septembre dernier avant le changement législatif.

Voilà, avec mes petits moyens, ma petite personne mais avec ma grande conviction, mon énergie bouillonnante et mon grand espoir d'une véritable égalité femmes-hommes dans les faits et pas seulement sur le papier, et toutes celles et ceux qui ont rejoint l'aventure, j'ai fait bouger les choses. En tout cas, je suis et je resterai pour toujours une Femme en Mouvement !

Bien sûr, je n'ai jamais été seule et je ne pourrai rendre ce micro sans avoir exprimé des remerciements qui me tiennent à cœur

Comme il y en a beaucoup, j'ai choisi un ordre chronologique.

  • Merci à mes parents Michèle et Régis Poitau, qui ont cru en moi et qui ont tenu à ce que leurs 4 filles aient un métier pour pouvoir être indépendantes.
  • Merci à mes deux grands-mères qui ont travaillé toute leur vie aux côtés de leurs maris, ce qui n'était pas si fréquent alors. Elles furent chacune un exemple et elles m'inspirent toujours.
  • Merci à mes 3 sœurs chéries, « les sœurs Poitau » Axelle, Olivia et Anne-Philippe qui sont toutes différentes et toutes aussi chouettes et exceptionnelles. La signification du mot sororité c'est avec vous 3 que je l'ai apprise !
  • Merci à mon frère Pierre-Henry avec qui j'ai appris ce que veut dire prendre soin de plus petit que soi. Son courage et sa résilience m'impressionnent.
  • Merci à mon mari Christian, qui est mon roc, solide et calme quand je vibrionne et je tempête ! Cela fait plus d'un quart de siècle maintenant. Love you !
  • Tack så hemskt jätte mycket à mon Oncle Philippe et feue son épouse Dominique, qui nous ont ouvert grands les bras quand Christian et moi sommes arrivés à Stockholm. Je vous dois une immense partie de la merveilleuse vie qui est la mienne, dont ma chère belle-famille.
  • Merci à nos 3 fils, Arthur, Hippolyte et Pierre-Antoine que je chéris et que j'aime de tout mon cœur. Je ne sais pas si j'ai fait de vous des féministes même si je l'espère très fort. En tout cas, vous avez eu le bon goût de ne jamais m'en vouloir de passer autant de temps depuis 9 ans, les week-ends et le soir après ma journée de travail à monter évènements, projets divers et variés, à préparer les conseils d'administration et les assemblées générales, à passer des soirées à prendre l'apéro (oui c'est sérieux et très convivial Femmes en Mouvement) au lieu d'être avec vous. Sachez que je suis infiniment touchée, émue et fière de vous car vous êtes dans le respect de l'autre.
  • Merci à ce cher Michel Laramée, qui m'a embauchée un jour de l'été 2006 chez Keolis alors que je ne connaissais rien au secteur et grâce à qui j'ai découvert le monde complexe, subtil et enthousiasmant de la mobilité. Michel n'est pas là pour raison de santé aujourd'hui et il me manque
  • Merci à Olivier Nau, Eric Pérard, Fabienne Bardin, Sandrine Chrun, Sophie Boucaud, Biljana Kostic, Anne-Marie Choho et Michel Kahan de Setec ITS et du groupe Setec et à tous et toutes mes collègues. Il y a 20 mois, en arrivant dans cette belle maison, je n'ai pas eu à enlever ma casquette Femmes en mouvement et je sais à quel point c'est précieux et rare de pouvoir être 100% soi-même là où on passe autant de temps.
  • Merci à ma cousine Iléana Prouvost qui a été ma sparring partner pour écrire et répéter ce discours !
  • Merci à toutes les femmes, y compris les hommes, en mouvement qui se sont un jour impliquées à mes côtés

Je voudrais terminer ce discours par ces quelques mots de l'avocate Gisèle Halimi qu'elle a écrit à la fin de son tout dernier livre « Une farouche liberté », coécrit avec Annick Cojean :

« Désunies, les femmes sont vulnérables.

Ensemble, elles possèdent une force à soulever les montagnes.

Je ne crois pas en une nature féminine pas plus qu'en une nature masculine.

En l'éternel féminin cette aimable plaisanterie inventée par des machistes pour mieux nous circonscrire.

Les théories essentialistes ne sont pas ma tasse de thé.

Mais je suis convaincue que notre expérience de l'injustice, de l'exclusion, de la souffrance nous a conféré une richesse supplémentaire.

Et que sans en avoir conscience, nous puisons dans notre histoire de domination patriarcale des ressorts insoupçonnés.

Il a fallu serrer les dents, s'adapter, inventer, résister.

Refouler nos envies mais pas notre imaginaire.

Brider nos pulsions, pas notre volonté.

Etouffer nos talents, pas notre sensibilité.

Sans doute même s'est-elle développée et nous donne-t-elle un sens plus aigu, une indulgence pour la marge, une empathie pour les fragiles… Une nouvelle nature ? Je ne saurais trancher…

Mais je sais que de ces valeurs d'opprimés – courage, endurance, résilience – peut jaillir une formidable créativité.

On ne naît pas féministe, on le devient »

Voilà : je pense que Gisèle Halimi a tout dit et si pas tout dit, beaucoup ! Quant à moi, je renouvellerai bien mes remerciements à toutes les personnes nommées et vous toutes et tous présents ce soir. Je vous remercie encore une dernière fois et je rends le micro pour continuer à être active. Et maintenant allons boire une coupe de champagne pour m'aider à me remettre de mes émotions.